2018 : Sortie Pentecôte 19-20 et 21 mai – Sur les traces des maçons de la Creuse en Beauce et Perche
2018 : Sortie Pentecôte 19-20 et 21 mai – Sur les traces des maçons de la Creuse en Beauce et Perche
Samedi 19 mai :
Ce sont près de 50 adhérents de l’Association “Les Maçons de la Creuse” qui ont pris l’autocar direction Chartres (28) pour une visite guidée de la cathédrale et halte obligatoire devant les vitraux évoquant les professions de tailleurs de pierre, de maçons, de sculpteurs…et de la vieille ville (la ville haute, autour de la cathédrale et la ville basse, disposée le long de l’Eure). Une visite qu’un des adhérents de l’association, Jean Lelache, a pu enrichir en évoquant un chantier auquel il a participé pendant sa carrière professionnelle : la restauration de la girouette de l’archange Gabriel et de son système de fixation.
Sur la route, halte au Moulin à vent de Pelard à Bouville et visite guidée de celui de Sancheville.
Un clin d’œil à l’exposition relative aux moulins du bord de Creuse réalisée en 2017 par l’Association et intitulée : “Energie et bâtisseurs” . En savoir plus – Acheter le catalogue de l’exposition
Sur les traces de nos ancêtres maçons
A la fin du XIVe siècle des limousins sont venus chercher en pays chartrain un complément de ressources en s’employant comme maçons. Dans la seconde moitié du XVe siècle, en une période de paix et de reconstruction, de nombreux migrants ont afflué et parmi eux, de 1470 à 1500, 12% étaient des limousins.
La migration des maçons limousins a perduré tout au long des siècles tant dans les villes que les villages. On peut ainsi citer :
– Joseph Charpentier du Dorat (87) marié à Maintenon en 1688
– Martin Poufari de Verneuil-Moustiers (87) mort à Andeville- Meslay-le-Vidâme en 1705
– Pierre Delavaux de Lussac-les-Eglises (87) mort à Nottonville en 1737
– Léonard Peynot de Saint-Silvain-Montaigut (23) marié à Pré-Saint-Martin en 1806
– Jean Villatte de Saint-Silvain-sous-Toulx (23) marié à Saint-Piat en 1846.
Deux familles de l’association avaient rendez-vous en ce samedi après-midi avec leurs ancêtres à Fontenay-sur-Conie, une petite commune proche d’Orgères-en-Beauce. Elles ont fait partager leurs histoires :
- Alain et Michelle Templier ont raconté l’itinéraire de Cyrille Désiré Templier né en 1864 à Fontenay-sur-Conie (28). Compagnon du Devoir, sous le nom de Beauceron l’Estimable, il est parti faire son tour de France et s’est finalement installé à Tarare au nord de Lyon où il s’est marié. De beaucerons les Templier sont devenus lyonnais.
- Nicole Daubin et son frère Serge, ont présenté leurs recherches sur leurs ancêtres qui depuis, au moins 1705, migraient de Lussac-les-Eglises (87) à Fontenay-sur-Conie. En juin 1794 quand Joseph Daubin a épousé Magdeleine Masson la migration est devenue définitive et la famille Daubin s’est totalement intégrée à la Beauce. Pendant huit générations des Daubin, entrepreneurs, ont travaillé à Fontenay-sur-Conie et ses environs ; construction d’une tour au château, du pont de l’Arche, de l’école, divers travaux au château de Cambray…
Un grand moment d’émotion et de convivialité partagé par Les Maçons de la Creuse avec des cousins Daubin habitant toujours Fontenay-sur-Conie, en présence de Mme Landeau, maire, et de plusieurs élus municipaux. Tous ont entonné avec entrain la chanson des maçons de la Creuse !
La minute littéraire de la journée :
Sur la route de Châteaudun à Chartres, a émergé la flèche de la cathédrale immortalisée par Charles Péguy : « C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté – Vers un ciel de clémence et de sérénité – … – La flèche irréprochable et qui ne peut faillir. »
Dimanche 4 juin :
C’est à une autre forme de migration qu’est consacrée la matinée du deuxième jour : la migration des percherons vers la Nouvelle-France.
Ils se nommaient Tremblay, Gagnon, Juchereau, Drouin ou Boucher et venaient de Tourouvre, du Pin-la-Garenne ou de Mortagne-au-Perche… Au XVIIe siècle, ils tentent l’aventure de la Nouvelle-France.
Hommes, femmes, seuls ou en famille, artisans, maçons, bûcherons, laboureurs, « filles du roi », religieux, soldats, marins, ils ont été les premiers, au XVIIe siècle, à peupler le Canada.
Ils sont partis de Bretagne, de Poitou, d’Ile-de-France, de Normandie (etc.) et du Perche. Ils ont affronté une traversée transatlantique, défié les hivers, défriché et bâti les premières maisons sur les rives du Saint-Laurent. Avec courage, ils ont tenté et réussi l’aventure du Nouveau Monde. Leurs lieux d’implantation furent Québec, la Côte de Beaupré, l’île d’Orléans à partir de 1634, puis Montréal.
L’histoire de cette migration percheronne, les “maçons de la Creuse” l’ont découverte aux Muséales de Tourouvre-au-Perche. Musée de l’émigration française au Canada
Les muséales de Tourouvre comprennent aussi un espace consacré aux commerces et marques de la fin du 19ème siècle jusqu’à l’émergence de la société de consommation dans les années 1950. Voir
L’évocation de cette migration vers la Nouvelle-France s’est terminée à l’église Saint-Aubin de Tourouvre où deux vitraux et plusieurs plaques rappellent l’émigration tourouvraine au Canada.
Le déjeuner à La Chapelle Montligeon est l’occasion de découvrir, en pleine campagne, entre Chartres et Alençon, la Basilique Notre-Dame de Montligeon qui a surgi de l’activité de l’abbé Buguet à la fin du XIXe siècle. Soucieux des conditions de travail de l’époque il crée d’abord une imprimerie et à la suite de trois décès tragiques dans sa famille décide de se consacrer à la prière pour les défunts. C’est dans cet esprit qu’il parviendra à la construction de cette étonnante basilique dans le village de Montligeon, la “cathédrale dans les champs”, néogothique (1896-1911) et construite selon le modèle de la croix latine.
En fin de journée, c’est au château de Frazé que le groupe fait une halte et en découvre les extérieurs sous la conduite de son propriétaire. Le château est une ancienne motte féodale, détruit entièrement pendant la guerre de 100 ans, il est remplacé dans la seconde moitié du XVe siècle par le château actuel. Il protégeait le passage de la route vers Thiron. Il est entouré de jardins à la française redessinés fin XIXe – début XXe siècle.
Sur les traces de nos ancêtres maçons
Comme en Beauce les maçons limousins sont venus dans le Perche tout au long des siècles.
Ainsi :
– Louis Chaslain d’Oradour-Saint-Genest (87) répare des bâtiments à Beaulieu, paroisse de Soizé en 1726
– François Serier du Dorat (87) se marie à Yèvres en 1738
– Ferdinand Meignat de Chéniers (23) se marie à Brou en 1905. Mort en 1918 il figure sur le monument aux morts de Brou.
L’association a aussi pris connaissance du travail de son adhérent, Jean-Pierre Verguet, sur Fernand Barthon de Saint-Yrieix-les-Bois venu travailler en 1925 à Randonnai dans l’Orne.
La visite du jardin du château de Frazé a été l’occasion d’évoquer les maçons Delaselle originaires Darnac et Azat-le-Ris (87) présents sur trois générations aux XVIIIe et XIXe siècles. Sur le monument aux morts de cette commune figure Théodore Fouriaux, tué dans la Meuse en 1914, qui était né à Linard (23).
Le Perche est une terre d’immigration, mais aussi d’émigration. Environ 300 percherons sont partis à partir de 1632 en Nouvelle-France – le Québec –où ils ont fait souche ; ils sont les ancêtres de familles toujours très importantes dans le Canada du XXIe siècle. La visite des Muséales de Tourouvre a permis aux creusois de découvrir cette histoire.
Une adhérente des Maçons de la Creuse, Dominique Lecointre-Montagne a présenté ses recherches sur la présence de maçons limousins parmi les pionniers du Canada :
– Léonard Leblanc de Blanzac (87), marié à Beauport,Québec en 1650
– Etienne Campeau dit Limousin de Brive(19), installé à Montréal en 1663
– Jean Dubois de Saint-Bonnet-de-Bellac (87), installé à Champlain en 1683
– André Villefayaud de Mézières-sur-Issoire (87) marié à Louisbourg en 1731
La minute littéraire de la journée :
En route vers Tourouvre, le groupe est passé tout près d’Illiers-Combray, le moment d’une minute littéraire signée Marcel Proust qui descend de la famille Mondeguerre de Saint-Denis-d’Authou.
Lundi 5 juin
Une première étape à Romilly-sur-Aigre pour, en présence du maire de la commune, découvrir l’église qui se situe sur la rive gauche de l’Aigre, en bordure des champs, et qui domine tout le village. Elle a été érigée à l’emplacement de l’ancien château des seigneurs de la Grand’Cour. L’ensemble actuel a été construit à trois périodes différentes qui s’échelonnent du XVe au XVIIIe siècles.
Puis direction Châteaudun, par la vallée du Loir, Cloyes, le château de Montigny-le-Gannelon…pour une visite guidée du centre historique.
Sur les traces de nos ancêtres maçons
A Romilly-sur-Aigre des maçons limousins sont venus dès le XVIIe siècle : Antoine Le Don, limosin masson, s’y est marié en 1676, comme plus tard Jean Dousset de Tersannes (87) et Gaspard Fournet de Lussac-les-Eglises (87). Le Don, Dousset, Fournet des patronymes encore bien vivants pour Philippe Gasselin , maire, qui a accueilli le groupe et lui a fait visiter l’église.
Le voyage des Maçons de la Creuse s’est terminé par une visite guidée de la vieille ville de Châteaudun qui comptait 10 000 habitants au début du XVIe siècle autour de son imposant château. Une ville où les maçons limousins sont venus nombreux trouver du travail dès la fin du XVe siècle :
– En 1494 Jean Soulas est parmi les contractants d’un marché relatif à un escalier
– En 1505, Me Oudin Coste rédige un accord entre Antoine et Louis Soulas, maçons du pays limousin, pour l’héritage de leur père.
Au XVIIe siècle, ils s’appelaient Etienne et Léger Glatignon, Jerôme Pellican, François Parpin, Joseph Dubreuil, Michel Fromenteau et venaient de Dinsac (87). Au XVIIIe siècle ils partaient toujours du nord de la Haute-Vienne : Léonard et Martial Bretet de Lussac-les-Eglises, Alphonse et Jean Giraud de St Martin-le-Mault, Jean et Jacques Delaroche, Jean et Léonard Simonet de Dinsac.
Tous ces maçons limousins ont été retrouvés avec le concours d’adhérents du CRGPG – Cercle de Recherches Généalogiques du Perche Gouët. Cette association a consacré deux articles sur le sujet dans son bulletin. CRGPG
La minute littéraire de la journée :
Le groupe est parti sur « la route de Châteaudun à Orléans, d’une blancheur de craie, -(qui)- s’en allait toute droite pendant quatre lieues, déroulant le défilé géométrique des poteaux télégraphiques… ». Une nouvelle minute littéraire pour rejoindre Romilly-sur-Aigre qu’Émile Zola a rebaptisé Rognes dans son roman La Terre.
Sur la route du retour, arrêt à Cormeray, aux caves de l’Aubras chez Christophe et Christelle Badin. L’occasion de récupérer de la fatigue du voyages et d’évoquer avec Christelle ses années d’école à Mortroux où sévissait alors une des adhérentes de l’association, Andrée Clavaud.
Retour à Guéret avec déjà en tête des projets de voyages pour la Pentecôte 2019…