Exposition-conférence de Coucy-le-Château (02) : une réussite…

Des « Maçons de la Creuse » dans les Hauts-de-France 
Construction et reconstruction dans l’Aisne du XVIIIe au milieu du XXe siècle

Un maçon creusois natif de la commune des Mars au parcours atypique, Jean Manard, a conduit l’association en 2018 à Soissons et dans les environs et de fil en aiguille les contacts avec des historiens locaux ont élargi le périmètre de recherches, amplifié les découvertes jusqu’à la réalisation d’une exposition de 17 panneaux consacrée intégralement aux « Maçons de la Creuse » et la tenue d’une conférence sur le même thème, le tout présenté mi-novembre à l’ensemble culturel Gabrielle d’Estrées de Coucy (Aisne) dans le cadre du centième anniversaire de la fusion des communes de Coucy-le-Château et d’Auffrique-et-Nogent.

Plus de deux années de recherches ont été nécessaires à des historiens du GREC (Groupe Recherches et Collections) de l’Association de mise en valeur du château de Coucy menée par Mme Michèle Tranchart et le soutien dans la Creuse de quelques membres de l’association des « Maçons de la Creuse », notamment Jean Lelache, pour répertorier près de 170 migrants du bâtiment et suivre leur parcours sur une ou plusieurs générations dans la réalisation de constructions ou reconstructions partant du début du XVIIIe siècle jusqu’à l’entre-deux guerres. De ce va et vient entre l’Aisne et la Creuse et du dépouillement des archives sont sorties des lignées de simples maçons et d’entrepreneurs dont existe encore pour certains une descendance active.

Dans sa communication, comme dans l’exposition, Mme Michèle Tranchart s’est mise dans les pas des maçons et s’est questionnée sur la présence de ces hommes, leurs relations et le rôle important qu’ils ont tenu dans la vie économique locale. La première originalité de cette migration est à chercher dans leur région de départ centrée pour la grande majorité sur quelques communes limitrophes aux deux départements de la Creuse et de la Haute-Vienne : Châtelus-le-Marcheix et Saint-Goussaud pour le premier et Saint-Léger-la-Montagne, Jabreilles-les-Bordes et Laurière pour le second et elle a mis en parallèle la concentration des communes où se situaient leurs implantations et leurs chantiers autour de Soissons et de Coucy-le-château.

Le suivi des bâtisseurs dans l’état-civil (naissance, mariage et décès), sur plusieurs générations, a permis de cerner les périodes de migration, les échanges avec Paris et le passage régulier de la migration temporaire vers une migration définitive avec pour certains une implantation choisie dans l’Aisne. Comme nous avions pu le remarquer en faisant des recherches dans d’autres régions, l’inventaire et l’étude des actes de mariages ont confirmé la mise en place de réseaux familiaux – une véritable communauté – entre pays et hommes ou femmes en terre de migration.

L’Aisne est une terre riche en patrimoine bâti : châteaux, églises ou abbatiales, fortifications et habitations mais elle a connu de nombreux conflits (guerres de religion, guerres mondiales) et ces derniers ont fourni de l’ouvrage durant plus de deux siècles aussi bien aux maçons qu’aux tailleurs de pierre. L’Evêché de Soissons avec ses nombreuses possessions fut un gros client pour les maçons de la Creuse en construction neuve, en maintenance et en reconstruction.

Dans son diaporama, Mme Tranchart s’appuyant sur de nombreuses illustrations et des documents d’archives a fait la navette entre les départements et réattribué quelques-unes des réalisations à leurs entrepreneurs : les Lanthonie de Saint-Léger-la-Montagne installés à Lizy, les Vergnaud de Saint-Goussaud à Coucy, les Vallot de Châtelus-le-Marcheix à Soissons, les descendants des Noël de Saint-Goussaud à Folembray, les Bruneteau de Saint-Goussaud installés à Braine, les Ragot de Châtelus-le-Marcheix dans la Marne et à Coucy, etc.

Le nombreux public a pu apprécier l’exposition et la conférence et découvrir, avec un peu de surprise pour certains, que des maçons de la Creuse et de la Haute-Vienne avaient importé leur savoir-faire loin de chez eux pour la construction et la sauvegarde de leur patrimoine bâti.

Le public pendant l’exposition Mme Tranchard Signature d’un maçon sur une maison de Selens (02)

 

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