Une migration atypique

 Les « codes » indispensables pour découvrir, pour comprendre des milliers d’histoires de vies, des milliers de parcours individuels

 Vouloir faire une analyse et une synthèse de toutes les migrations des “maçons de la Creuse” n’est pas raisonnable en une page. Mais, pour bien comprendre l’histoire des « maçons de la Creuse », notamment pour les jeunes générations, certains « codes » sont indispensables.
     Après, pour qui voudra approfondir la question, les ouvrages de l’Association, la consultation des 28 500 fiches (nombre en mai 2022) individuelles de l’annuaire numérique et les différents articles ou livres consacrés au sujet… seront d’une compréhension plus facile.

Une migration spécifique

  • Limitée dans l’espace
    Si le département de la Creuse – créé en 1790 à partir de l’ancienne province de La Marche – en est le cœur, cette migration a pénétré, au long des siècles, plus ou moins profondément dans les départements limitrophes : l’Indre au nord, la Haute-Vienne à l’ouest, la Corrèze au sud et le Puy-de-Dôme à l’est. Il est à noter également qu’à de très rares exceptions, il s’agit d’une migration interne à un pays, la France.
  • Saisonnière, de mars à décembre
    Contrairement aux migrations « classiques », les « maçons de la Creuse » ne cherchent pas à fuir un pays. Bien au contraire, ils y reviennent régulièrement l’hiver pour « régler les affaires » de la propriété agricole confiée quelques mois à une femme, un père, un frère… Beaucoup, lorsque l’économie de leur campagne de maçons le permet en profitent pour acquérir un terrain, un bâtiment, une vache, une paire de bœufs… Être maçon-migrant, pour beaucoup, n’est pas une fin, mais un moyen de survie ou de développement de leur propriété creusoise.
  • Vieille de plusieurs siècles
    Une migration de plusieurs siècles attestée, notamment, en pays chartrain où pour les années 1470-1500, les mentions contenues dans des actes notariés permettent de dire qu’il y a 33 % de Normands, 16 % de Manceaux, 13 % de Bretons et 12 % de Limousins. (cf l’annuaire numérique Soulas Antoine :  Lire )
  • Sélective dans les métiers
    Les paysans de la Creuse sont des bâtisseurs, essentiellement maçons, tailleurs de pierre, terrassiers, fumistes, mais aussi, charpentiers, couvreurs, tuiliers, peintres, scieurs de long…
  • Quantitativement exceptionnelle
    La migration représente environ 13% de la population totale au milieu du 19e siècle, pic quantitatif de la migration. En 1846, on estime à environ 34 000 hommes le nombre de migrants. Ce pourcentage peut même dépasser les 25 % (1 habitant sur 4) dans certaines communes. Ex : Bonnat 27 % – Moutier-Malcard 34,6 % – Clugnat 36,2 % – Clairavaux 29,2% – Arfeuille-Châtain 33 % – La Celle-Dunoise 25,3 % – Saint-Quentin-la-Chabanne 38,4 % – Anzême 25,4 %. Si on ramène ces données aux hommes en âge de travailler, un homme sur deux, voire deux sur trois, quittent le département 9 mois sur 12.

Ce qu’il faut aussi savoir sur la migration 

  • Le voyage des « maçons de la Creuse » : Ils venaient de toutes les communes de la Creuse, ils allaient dans tous les départements de France, pas seulement à Paris et Lyon. En savoir plus

  • Les conditions de travail sur les chantiers : N’allons pas croire que parce qu’ils ne travaillaient pas pendant la période hivernale, leur travail était une sinécure ! Les conditions de travail, comme les conditions de vie, le contexte social, politique et économique… pèsent aussi lourdement sur les épaules des « maçons de la Creuse » que l’oiseau sur celles des goujats. En savoir plus
  • Les chantiers des « maçons de la Creuse : Au fil des siècles les chantiers des « maçons de la Creuse » se sont adaptés aux besoins économiques du pays. En savoir plus

  • Le retour au pays des « maçons de la Creuse » : En décembre, le « maçon de la Creuse » revient au pays où il retrouve une femme, une mère qui pendant les mois de mars à décembre, ceux des grands travaux, labourage, semis, récolte…, ont géré, parfois avec un « vieux » de la famille ou un jeune enfant, la petite exploitation agricole pour assurer la survie de la famille.  Fin XIXe, certaines migrations deviennent définitives… En savoir plus

Les informations de cette page sont extraites du bulletin Hors-série 2021 publié par l’association est disponible sur la boutique de ce site internet. (Voir le sommaire). Pour enrichir votre connaissance des « maçons de la Creuse » l’association vous propose de nombreux ouvrages, bulletins… dans sa boutique et l’annuaire numérique vous permettra, avec son moteur de recherche, de découvrir de nombreux parcours individuels…

Si vous disposez d’informations ou de documents sur un maçon de la Creuse migrant et si vous souhaitez qu’il rejoigne l’annuaire numérique vous pouvez compléter la fiche type suivante et la retourner à l’association (télécharger la fiche-type). Merci d’avance.