2015 : Exposition Maximilien Luce et les bâtisseurs du Paris haussmannien – Conférences

Exposition Maximilien Luce – Guéret –

Carton Luce recto

En collaboration avec le Musée de la Sénatorerie de Guéret, l’association « Les Maçons de la Creuse » présente l’exposition « Maximilien Luce et les bâtisseurs du Paris haussmannien » du 11 juin au 6 septembre. Elle a un gros succès et les deux conférences qui sont venues, sous deux angles différents, apporter un regard complémentaire ont eu un très bon accueil jusqu’à refuser du monde faute de places pour la seconde.
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Alain Faure août 2015 Conférence août 2015 Max LucewPremière conférence : Alain Faure, chercheur à l’IDHES (Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense) s‘est attaché à retracer l’histoire des grands travaux à Paris au 19e siècle, ceux qui ont attiré dans la capitale tant de migrants, Limousins et autres, les uns se fixant dans la ville, les autres restant fidèles au pays natal. La phase la plus spectaculaire de cet urbanisme destructeur et reconstructeur est celle dirigée par le préfet Haussmann (1853-1870). On parlait depuis longtemps de la nécessité de percer les quartiers centraux de Paris pour bâtir les vastes maisons destinées à la bourgeoisie et, en effet, de très nombreuses rues furent détruites et les terrains revendus par la Ville pour construire ces maisons. Les expropriations pour libérer le sol furent payées grâce à un impôt impopulaire et injuste, l’octroi. Les locataires pauvres n’avaient droit à rien pour leur déguerpissement forcé. Après 1870, sous la République, le Conseil municipal de Paris continua cette politique. Les créations de voies nouvelles jusqu’en 1914 furent toujours à l’origine de changements sociaux dans les quartiers concernés. La fiscalité des travaux resta la même, et le droit au relogement toujours ignoré. Cependant le Conseil sut entreprendre des travaux utiles au plus grand nombre : équipement sanitaire (tout-à-l’égout) et transports démocratiques (Métro). Alain Faure concluait en précisant, que quoiqu’il en soit, ces grands travaux, si spectaculaires, de l’époque impériale et républicaine, constituent un bel exemple d’urbanisme injuste.

Conférence août 2015 Jean-Luc Conférence août 2015w

Seconde conférence : Jean-Luc de Ochandiano, chercheur en histoire sociale et conservateur à la bibliothèque de Lyon III, a centré son propos en lien direct avec l’exposition, sur trois dessinateurs engagés mettant en scène les ouvriers du bâtiment : Maximilien Luce, Alexandre Steinlen, Jules Grandjouan (1885-1914). En introduction, il a rappelé que de nombreux peintres et dessinateurs des années 1880-1914, tels Paul Signac, Camille Pissaro ou Kees Van Dongen ont été proche des courants révolutionnaires, notamment anarchistes, très actifs à cet époque, mais qu’au final, peu d’entre eux avaient véritablement peint ou dessiné le monde ouvrier. S’appuyant sur diaporama très illustré de près de 80 reproductions de peintures, gravures et sculptures, il a développé par la suite le cas particulier de trois d’entre eux : Maximilien Luce, Alexandre-Théodore Steinlen et Jules Grandjouan, qui ont tout de même porté un regard attentif à cette classe sociale et, dans les trois cas, se sont intéressés tout particulièrement aux ouvriers du bâtiment. Témoins d’une réalité laborieuse qui s’affiche largement dans les rues de Paris à cette époque, les trois dessinateurs s’engagent alors au côté de ces ouvriers et témoignent de leurs luttes. Ils utilisent toutes les potentialités métaphoriques qu’offre le chantier pour mettre en scène une classe ouvrière combattive, réunie au sein d’une organisation syndicale qui est perçue comme en construction, et dont l’aboutissement produira l’avènement de la société future.

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